Depuis la première fois que je t'ai rencontré, assis sur ton canapé avec Queen en fond sonore, ce dimanche aprés-midi, j'ai su que tu allais marquer ma vie.
Je ne savais pas encore à quel point, ni comment.
Et puis, les jours ont passé, les semaines se sont enchaînées et je redécouvrai à nouveau un bien être et une sérénité.
J'ai appris à te connaître, malgré ton passé, j'ai vu en toi uniquement la part d'homme bien qui y résidait.
Et j'ai continué de tout te donner, malgré une certaine ingratitude quelques fois. Et j'ai continué de t'aimer encore plus fort, malgré quelques mots blessants.
Et puis, tu m'a blessé encore plus; sans te justifier ni t'excuser.
Et j'ai encore continué de tout te donner.
J'ai oublié de me protéger, pour t'épauler au maximum.
Mais qui va me soutenir, qui va me protéger?
Je continuerai d'être là pour toi, pour que tu tienne le coup, durant ces prochains mois. Je continuerai de tout donner, pour que ta sortie soit la plus simple à gérer pour toi.
Mais dans tout ce qu'il s'est passé ces dernières semaines, tu as oublié de penser à moi.
Et ça, ça ne s'effacera jamais.
Je viens porter du linge pour toi.
Ça fait drôle de chercher des panneaux "prison".
Arrivée devant l'accueil aux familles / proches, je m'effondre à nouveau.
Une bénévole me prend à part, me calme et m'amène un café.
Heureusement qu'ils sont là. Ils ont rendu ce moment un peu moins difficile, un peu plus supportable.
Je commence à me poser des tonnes de question. Est-ce que je suis légitime de faire tout ça? Est-ce que c'est normal?
J'ai du mal à trouver ma place et je sens que ça va être compliqué.
Ton père m'appelle. Il est à bout. Il m'inquiète pour tout dire. Ton père l'a apellé en l'insultant, il remet ton dérapage sur son dos.
Si tu le voyais ton père, en train d'essayer de comprendre, cherchant vainement un moyen de te sauver. C'est beau de voir cet amour paternel.
1. tipoussin le 28-04-2014 à 08:44:28 (site)
Bonjour Emprisonnée, tu as raison de t'écrire pour évacuer toute ta douleur. Ta vie a basculé du jour au lendemain, il faut du temps pour accepter et comprendre. De tout cœur avec toi.
J'ai demandé mon aprés-midi. Tu parles, j'ai pas la tête à bosser.
Je ne sais pas trop comment tu va réagir quand tu va voir que je viens à l'audience.. Mais il n'est pas question que je reste là.
J'ai besoin de te montrer que je ne te juge pas, et que je te soutiendrais dans cette épreuve.
15h45.
On est arrivé au tribunal. On parle pas beaucoup avec ton père, on est tendu et on a peur.
On passe le portique de sécurité, et on lit les accusations qui sont portés contre toi.
On encaisse.
On s'installe Salle 2.
J'écoute à peine les affaires qui passent. J'attends avec une certaine appréhension de te voir. J'espère que tu ne m'en voudra pas d'être venue.
Une audience se termine et soudain, on entend que ton affaire est la prochaine à être juger.
Ton père me désigne ton ancienne avocate. Une blonde pas très jolie, un peu rondelette et qui n'arrête pas d'ouvrir sa bouche. Elle m'énerve déjà.
Quand elle commence à parler de toi, je me retiens de ne pas faire un scandale. Je crois que ce n'est pas le moment de me faire remarquer.
Te voir là, me fend le coeur.
J'avais qu'une envie, me lever et me blottir contre toi.
L'audience est levée, le verdict nous laisse sans voix.
On rentre.
Arrivée chez moi, je m'effondre. J'arrive plus à m'arrêter de pleurer.
Ton père m'avouera le lendemain, que lui aussi s'est effondré en larmes à sa réunion des AA.
Je me sens tellement démunie. Tellement paumée.
Je ne sais même plus ce que tu ressens pour moi, si tu veux que je reste ou pas.
2. emprisonnee le 27-04-2014 à 20:46:59 (site)
Bonjour,
Malheureusement mon quotidien actuel.
Ça peut paraitre bizarre d'écrire ce genre de choses sur un blog, mais ça m'aide à accepter les choses.
Je me dis que c'est à lui que j'écris, et ça m'apaise.
3. aurore le 27-04-2014 à 21:26:10 (site)
OK, NON je ne trouve pas bizarre d'écrire sur un blog, au contraire, cela fait du bien à soi même, c comme un livre, les vies sont des romans, et c passionnant dans tous les cas. Bon courage
Putain, Julien, tu répond toujours pas au téléphone..
Qu'est ce qui se passe?
15h30. J'appelle ton père. Tiens, lui aussi est inquiet. On passera à 18h, chez toi ce soir.
17h. La gendarmerie m'appelle. On a quelqu'un que vous connaissez chez nous, qu'ils me disent.
Oh, bordel, Julien, qu'est ce que t'as foutu?
18h. Je passe à l'agence, prévenir ton père inquiet. On récupére quelques affaires chez toi. Je ne comprends pas pourquoi il y a déjà un sac de prêt. Tu comptais partir en weekend? Pourquoi tes médicaments ne sont plus à leur place?
Prise d'un doute, j'ouvre le clapet de ton ordinateur.
Place libertine, call girl, escorte.. Et bim. Purée, une sacrée claque que je me prends.
Je me ressaisi et on décide d'aller à la gendarmerie avec ton père.
Ils ne veulent pas trop nous expliquer ce qu'il s'est passé puisque tu refuse de nous le dire.
On rentre, un peu paumé, comme deux couillons.
J'ai pas fermé l'oeil de la nuit.
Tu trouvera ici, tout ce qui s'est vraiment passé pendant ton incarcération.
Tout ce que j'ai voulu te dire, ce que j'ai ressenti, ce que j'ai caché pour toi.
Pour ne pas te blesser, pour ne pas t'enfoncer, pour te protéger.
Ca va être difficile pour toi, ça va aussi l'être pour nous.
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