posté le 30-07-2014 à 14:46:07
30 Juillet, Mercredi.
98 jours, depuis lesquels j'attend de te voir, de te toucher, de te sentir prés de moi. J'avais rendez vous à 8h15 ce matin. J'avais trop peur d'être en retard, j'suis partie de l'appartement à 6h.
Avec le stress, j'ai pas beaucoup dormi. :p
J'arrive enfin sur le parking.
J'me sens un peu mal, pas vraiment à ma place. Un groupe d'une dizaine de personnes attend devant le bâtiment de l'accueil aux familles.
J'me mets à côté, j'allume ma cigarette sans dire un mot.
Les portes s'ouvrent, on rentre dans un petit bâtiment assez récent.
Attendre. Donner son passeport. Attendre. Fumer sa dernière clope avant d'enfin pouvoir te voir.
J'ai le stress qui monte. J'ai enfin de m'enfuir en courant. Loin d'ici.
La surveillante nous fait signe de la suivre. On traverse le parking pour rentrer dans l'enceinte de la prison.
J'ai les jambes qui tremblent, j'me sens ridicule. J'essaye de me concentrer pour pas pleurer. C'est pas simple là.
Elle nous appelle un à un, on rentre dans une sorte de couloir / sas.
Quand tout le monde est enfin rentré, on passe un à un le portique. Personne bipe. On peut continuer.
On sort dans une sorte de cour bétonné, entouré de barbelés. C'est assez impressionnant en fait d'être là.
J'aperçois un petit bâtiment, sur la porte est marqué "Parloirs famille". On rentre dans une salle d'attente, on dépose les sacs, on traverse une deuxième pièce et on attend. On m'appelle enfin. Parloir 17.
J'arrive dans le couloir, j'hésite. Je dois aller à gauche ou à droite? Tentons la gauche. Merde, c'était à droite. J'esquive les gens qui avancent, mais avec les jambes qui tremblent, c'est délicat. Lol.
J'vois enfin ce putain de parloir. Dis donc, c'est glauque. Le surveillant ferme la porte, j'crois que les minutes qui ont suivi ont duré des heures, j'avais envie de faire une crise de claustrophobie ou de vomir. J'sais pas trop.
J'vois que la porte par laquelle tu dois arriver s'ouvre.
J'pense que tu dois pas réaliser dans quel état d'esprit je suis. J'ai envie de te sauter dans les bras, mais j'arrive pas trop à bouger.
Le parloir m'a semblé duré quinze minutes. J'avais aucune envie de partir. Enfin, si, mais pas sans toi quoi.
J'sais pas trop si j'me suis fait des films où quoi, mais j't'ai senti un peu mal à l'aise. Tu regardais sans cesse tes pieds. C'était un peu bizarre.
J'avais l'impression d'être dans ma bulle. Plus rien comptait que ce temps passait avec toi à ce moment là.
C'était très étrange comme sensation. J'aurais voulu te dire un millier de choses, que finalement j'ai pas réussi à formuler.
J'suis ressortie, on a fait le chemin en sens inverse.
J'suis remontée dans ma voiture. J'étais ailleurs pendant tout le trajet. On aurait dit une gamine de 5 ans à sourire béatement.
Enfin bref, tout ça pour dire, que le seul truc que j'ai pas réussi à te dire, c'est combien je t'aime.